Art et mathématiques ? Quelques références et questionnements sur les relations entre la géométrie et les arts plastiques modernes et contemporains.

par Stéphane Mroczkowski
plasticien et enseignant-chercheur en arts plastiques
Laboratoire en arts ACCRA de l’université de Strasbourg
Mercredi 29 novembre 2023
En Europe, il semblerait que les relations entre arts et mathématiques se soient particulièrement développées à l’époque de la Renaissance. Au moment où des peintres comme Léonard de Vinci ou Albrecht Dürer façonnent la figure de l’artiste scientifique, à la pointe de la modernité - La géométrie est alors considérée comme une structure qui régit la totalité des choses, du plus petit au plus grand. Le Traité sur la manière de mesurer de Dürer est une référence incontournable de ce type de conception du monde et de l’art.
Au moment des avant-gardes en art aussi, dans la première moitié du XXe siècle, de nombreux artistes et groupes d’artistes d’avant-garde ont construit tout leur art sur une base géométrique.
Mais pour de toutes autres raisons que Dürer. La géométrie est alors le signe d’un accès aux éléments fondamentaux de l’art : c’est la tabula rasa. On fait table rase du passé pour reconstruire le monde avec le cercle, le triangle, le carré, et les trois couleurs primaires.
Piet Mondrian, Josef Albers ou Theo Van Doesburg élaborent à ce moment-là des œuvres très construites, qui ont parfois même la prétention de sortir du cadre du tableau ou de l’atelier, pour envahir les villes modernes. On peut penser au projet de l’Aubette à Strasbourg, inauguré en 1928.
Et ensuite ? Aujourd’hui la géométrie reste-t-elle, pour les artistes contemporains, toujours une référence incontournable ?
Et les relations entre arts plastiques et mathématiques se limitent-elles au domaine géométrique ? Les nombres ou les formules mathématiques peuvent-ils être un outil de travail en art contemporain ?
Stéphane Mroczkowski est plasticien, enseignant-chercheur en arts plastiques au laboratoire en arts ACCRA de l’université de Strasbourg, il enseigne à l’INSPE pour la préparation au CAPES d’arts plastiques. Il s’intéresse tout particulièrement aux outils de médiation et de création, aux « jeux de construction ». Il participe aux formations maths et art de la Maison pour la science Alsace et à un groupe IREM sur les relations entre maths et art.