par Pierre Collet
(Professeur en informatique à l'Université de Strasbourg où il co-dirige l'équipe CSTB (Systèmes Complexes et Bioinformatique Translationnelle) du laboratoire ICUBE)
Mercredi 25 janvier 2017
Il y a 2400 ans, Aristote avait postulé que le tout était plus que la somme des parties. En d'autres termes, que 1+1, ça faisait plus que 2. Comme cela n'apparaissait pas comme vraiment sérieux, ces "élucubrations" ont été mises de côté d'autant qu'en 1674, Newton est arrivé à expliquer les mouvements célestes (de la plupart) des planètes avec une loi exacte, la loi de l'attraction universelle. La science est donc devenue rationnelle et déterministe avec le développement de la physique Newtonienne.
Pourtant, à la même époque qu'Aristote, Platon (ou quelqu'un dans sa sphère d'influence) a démontré qu'il n'y avait que 5 solides réguliers convexes (les solides de Platon) et bien plus tard (1890), Henri Poincaré a montré que la loi universelle de la gravitation de Newton cachait en son sein un chaos déterministe.
En fait, depuis Platon et Newton, tous les ingrédients fondamentaux étaient présents pour comprendre que la Physique Newtonienne était incapable de représenter le monde qui nous entoure, mais il a fallu Henri Poincaré et le problème des trois corps (1890), et Edward Lorentz et l'effet papillon (1972) pour enfin comprendre qu'une nouvelle science était nécessaire pour comprendre le monde qui nous entoure, une science qui accepte que le monde soit constitué d'un d'un grand nombre d'entités en interaction, donnant lieu à des comportements émergents (et immergents) : la nouvelle science des Systèmes Complexes, née au XXè siècle, qui donne enfin raison à Aristote lorsqu'il disait que le tout était plus que la somme des parties...